L’olivier et l’eau

Article présenté ici dans le cadre du programme Olea 2020
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Préliminaire

L’eau dans le sol.


Résistance de l’olivier à la sécheresse

  • L’olivier résiste parfaitement aux périodes de sécheresse grâce à un système racinaire adapté et à la régulation de son métabolisme.


Système racinaire de l’olivier

  • L’olivier présente un système racinaire essentiellement peu profond à développement latéral :
– la profondeur d’enracinement est comprise entre 1,25 m et 1,80 m. Cependant, le chevelu racinaire se limite en général au premier mètre de sol selon les disponibilités en eau. Au-delà du premier mètre, on retrouve des racines permettant l’alimentation de l’arbre en cas de sécheresse. La cession de l’eau dans les couches plus profondes est plus difficile.
– les racines principales dépassent peu l’aplomb de la frondaison, contrairement aux racines secondaires et aux radicelles qui peuvent explorer une surface de sol considérable. Seules les radicelles émises au cours de l’année permettent l’absorption de l’eau.
  • Ainsi, afin de limiter la concurrence hydrique entre les oliviers, l’espacement entre les arbres est à adapter en fonction des disponibilités en eau : plus espacé en verger en sec, plus rapproché en verger irrigué.
  • Les observations réalisées sur la dynamique du système racinaire (Fernandez et al, 1990) ont permis de montrer que l’olivier développe ses racines dans les zones les plus pourvues en eau :
– les oliviers irrigués au goutte-à-goutte développent au cours de l’année d’avantage de racines dans les couches superficielles situées sous les goutteurs (40 à 60 cm de profondeur essentiellement) alors que les racines restent rares sur l’entre-rang non arrosé.
– sur les arbres conduits en sec, la densité racinaire est maximale dans les zones présentant des humidités plus élevées; lorsque ces réserves en eau s’amenuisent au cours de l’été, les racines se subérisent et la densité de racines actives diminue. Les oliviers conduits en sec présentent ainsi d’avantage de racines à la surface subéreuse, alors que les racines des arbres irrigués demeurent blanches et turgescentes autour du bulbe humide sous le goutteur, ce qui indique une période d’activité bien plus longue lorsque les oliviers sont irrigués. Les racines des arbres conduits en sec sont de diamètres différents en raison des changements de turgescence, ce qui est un signe d’adaptation aux conditions sèches.
  • Les racines de l’olivier sont capables d’exercer une force de succion de l’ordre de – 25 bars sur le sol pour en extraire l’eau alors que la plupart des arbres fruitiers se limitent à une succion de l’ordre de – 15 bars (Xiloyannis et al., 1999). Cette formidable capacité de succion permet à l’olivier d’extraire l’eau fortement liée au sol. Ainsi, l’olivier absorbe encore de l’eau là où les autres espèces fruitières flétrissent.

 

Régulation de l’évapotranspiration chez l’olivier

  • La grande résistance à la sécheresse s’explique essentiellement par la formidable capacité de turgescence des organes foliaires par ajustement osmotique: les feuilles peuvent ainsi perdre jusqu’à 60 % de l’eau emmagasinée.
  • Contrairement aux autres arbres fruitiers, l’olivier va privilégier sa survie et non le développement de sa descendance:
– en-deça d’un potentiel hydrique foliaire de – 9 bars, l’olivier ralentit son activité photosynthétique ce qui pénalise la fructification et la croissance des pousses (Xiloyannis et al., 1999).
– au potentiel hydrique foliaire de – 70 bars, l’olivier bloque totalement les échanges gazeux à travers ses stomates. Il faut préciser que la fermeture des stomates chez les autres espèces fruitières intervient pour des potentiels hydriques foliaires compris entre – 15 et – 25 bars. L’olivier est ainsi capable de diminuer fortement son activité photosynthétique, ce qui lui permet de réduire les pertes en eau par évapotranspiration.

Rappel: le potentiel hydrique foliaire est une mesure permettant de définir la capacité des cellules à retenir l’eau. Cette mesure est effectuée à l’aide de la pression d’un gaz neutre appliqué sur une feuille.


Intérêt de l’irrigation pour l’olivier

Entrée rapide en production des jeunes plantations

  • Les diverses études menées à l’étranger ont mis en évidence l’action bénéfique de l’irrigation sur l’entrée en production des jeunes plantations:
– l’irrigation agit ainsi favorablement sur la croissance des parties aériennes (bois et feuilles), mais aucunement sur le développement des racines. La réduction de la croissance des parties aériennes sur les arbres conduits en sec serait donc liée à l’adaptation de l’olivier aux conditions sèches.
– les récoltes obtenues au cours des premières années de production sont bien plus élevées sur les arbres irriguées (+ 40 % à + 200 % par rapport aux oliviers conduits en sec). Les différences observées au cours de ces expérimentations étaient d’autant plus importantes que le climat était aride et que les quantités d’eau apportées étaient importantes.
  • L’étude menée par l’AFIDOL sur un verger des Alpes de Haute-Provence semble confirmer les différences constatées à l’étranger, mais à un degré moindre du fait des précipitations plus élevées sous nos lattitudes. Les résultats nécessitent une analyse plus approfondie des données.

 

Augmentation de la production d’huile en verger adulte


Incidence de l’irrigation sur la croissance et l’alternance

  • En cas de sécheresse, l’olivier réduit son activité photosynthétique, ce qui est préjudiciable à la croissance des pousses (Xiloyannis et al., 1999). Les faibles disponibilités en eau ralentissent la croissance et la formation des pousses et des bourgeons (Samish et Spiegel, 1961).
  • L’irrigation permet de rétablir un optimum de croissance, encourageant ainsi la récolte de l’année suivante (Michelakis, 1989). En effet, il a été démontré (Zigarevic, 1959. Samish et Spiegel, 1961) que les oliviers peuvent accomplir leur croissance végétative durant le printemps et le début de l’été tant que les réserves hydriques du sol sont suffisantes. Il faut également apprécier le rôle des apports d’eau de la fin août sur la formation des rameaux fructifières d’automne.
  • La taille est certes l’opération la plus importante dans la réduction de l’alternance. Mais l’irrigation joue également un rôle non négligeable en permettant une production régulière d’olives dans le sens où on remarque une bonne corrélation entre la croissance de l’année et le rendement de l’année suivante (Samish et Spiegel, 1961). En effet, le développement des jeunes pousses puis la floraison s’enchaînent rapidement au printemps. Si l’alimentation hydrique est insuffisante, l’olivier privilégiera la pousse ou la mise à fruits.


Incidence de l’irrigation sur la floraison et la nouaison

  • La floraison est une période critique qui peut influer sur le potentiel de fructification. Même si les réserves hydriques sont faibles durant le mois de mai, la formation des inflorescences et l’épanouissement de la fleur peuvent avoir lieu. Toutefois, la sécheresse peut affecter le nombre d’inflorescences ainsi que le nombre de fleurs. De plus, des chutes de fleurs peuvent survenir dans des conditions particulières de sécheresse.
  • En cas de période sèche, l’irrigation agit favorablement sur la croissance des boutons floraux et des inflorescences, ainsi que sur la proportion de nouaison des fleurs, entraînant une augmentation du nombre de fruits (Hartmann et al., 1953).


Incidence de l’irrigation sur le grossissement de l’olive

  • La phase de division cellulaire qui suit la nouaison est particulièrement importante. Les études réalisées sur le développement de l’olive (Lavee, 1977. Tombesi, 1994. Rallo Morillo et
     
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    Source du graphique: Manrique & al., 1999. Mesocarp cell division and expansion in the growth of olive fruits. Acta Horticulturae n°474: pp. 301 – 304

    Rapoport, 1995) suggèrent qu’au terme des six à huit semaines suivant la fleur, le nombre de cellules par fruit est établi. Toute croissance ultérieure du fruit serait due au grossissement des cellules. En conséquence, un stress hydrique pendant les premières phases de développement du fruit risque de ralentir la division cellulaire et de réduire le calibre final des fruits.

  • L’irrigation permet de réduire la chute des fruits de la nouaison à la sclérification du noyau (Inglese, 1999), en particulier sur les arbres présentant de fortes charges (Michelakis et al., 1995).
  • D’après le graphique ci-contre, les courbes de croissance des olives présentent des différences selon les régimes hydriques: croissance par palliers entrecoupée de période de stagnation sur les vergers en sec, et croissance continue sur les arbres irrigués (Manrique et al., 1999).
  • Un manque d’eau à la fin de la phase de développement cellulaire du noyau donnera des noyaux relativement petits. Lors de la formation du noyau, l’irrigation entraîne peu de variations sur le calibre des fruits et leur teneur en huile. En effet, le pourcentage d’huile de l’amande est très faible par rapport à celui de la pulpe (Samish et Spiegel, 1961). Cependant, l’arrêt de l’irrigation peut se répercuter sur la croissance des pousses qui se poursuit jusqu’à la mi-juillet.
  • Les arbres ayant subi un stress hydrique durant la phase de grossissement de la pulpe (mois d’août) présentent des fruits plus petits contenant moins d’eau ainsi qu’un ratio pulpe / noyau plus faible. Il est à noter que l’irrigation accroît de manière significative la taille des fruits sur les arbres chargés faiblement à moyennement, mais elle affecte peu la taille des fruits sur les arbres fortement chargés (Michelakis et al., 1995). En cas de disponibilités limitées en eau, des irrigations tardives situées durant le grossissement de la pulpe semblent montrer de biens meilleurs résultats en terme de production d’huile, que des irrigations plus précoces (Samish et Spiegel, 1961).


Incidence de l’irrigation sur la lipogénèse et la maturation

  • L’irrigation peut occasionner une légère augmentation de l’accumulation d’huile sur la matière sèche ainsi qu’un léger retard de la lipogénèse. Toutefois, ces résultats ne sont pas vérifiés dans toutes les expérimentations menées.
  • A une date de récolte identique, les olives provenant d’arbres irrigués présentent généralement de plus faibles teneurs en huile du fait des teneurs en eau plus élevées dans le fruit (Samish et Spiegel, 1961. Lavee et al., 1999). Par contre, les teneurs en huile et en eau sont peu différentes si les olives sont récoltées à un stade identique de coloration (Alegre et al., 1999. Motilva et al., 1999). Ce constat est directement lié au fait que les stress hydriques génèrent chez l’olivier une maturation plus précoce sur une durée plus courte (Spiegel, 1955. Samish et Spiegel, 1961. Inglese et al., 1999). Par conséquent, l’irrigation occasionne un léger retard de maturité, à charge en fruits équivalente.

Lire également les pages consacrées à la consommation en eau de l’olivier et  à la conduite de l’irrigation.

 

« Fertilisation et irrigation : deux atouts pour une meilleure productivité »

Intervention de Josep RUFAT, ingénieur agronome, spécialiste en irrigation et ferti-irrigation à l’IRTA (Institut de Recherche régional de Catalogne spécialisé dans les productions fruitières et l’élevage) lors du SITEVI 2019

Si l’olivier est connu pour sa rusticité, sa production est tout de même liée à des facteurs sur lesquels les oléiculteurs peuvent intervenir.  L’irrigation et la fertilisation (fertirrigation) sont les 2 points forts pour la culture de l’olivier dans un contexte de climat méditerranéen. L’efficience de l’eau d’irrigation ainsi que la dose et l’époque d’application des sels minéraux sont très importants pour la production mais surtout pour la qualité finale de l’huile d’olive

Consulter la présentation : Irrigation et Fertilisation, Production et qualité – Josep Rufat