La verticiliose
LA VERTICILIOSE DE L’OLIVIER
L’olivier y est sensible.
Selon l’état de l’arbre, sa sensibilité et le terrain, les dégâts peuvent se limiter au dépérissement de quelques rameaux ou entraîner la mort complète de l’arbre.
Le champignon est capable de résister plusieurs années dans le sol et de se perpétuer par l’intermédiaire de plantes vectrices. Chaque printemps les arbres qui sont à proximité sont re-contaminés. Dans ce contexte la prévention et la prophylaxie sont déterminantes, elles reposent essentiellement sur l’élimination des plantes vectrices.
Le champignon Verticillium dahliae
Le champignon n’est pas visible à l’oeil nu dans le sol.
- Conservation dans le sol : Le champignon peut rester plusieurs années (jusqu’à 15 ans selon certains auteurs) sous une forme de conservation (les sclérotes). Mais en général il est réactivé chaque année par les plantes vectrices, qui assurent ainsi la survie et la propagation du champignon.
- Contamination : quand les conditions de température et d’humidité sont favorables, les sclérotes produisent des spores qui germent et pénètrent dans la racine, c’est la contamination primaire. Il n’est toutefois pas exclu qu’il y ait également des contaminations directement dans la frondaison (outils de taille par exemple) ou par contact direct avec les racines des plantes contaminées.
- Développement : le mycélium se développe dans les tissus du xylème, qui transportent la sève brute vers les feuilles. La plante résiste plus ou moins bien à cette contamination en fonction de son espèce. Chez l’olivier certaines variétés parviennent à vivre en présence de Verticillium dahliae sans manifester systématiquement les symptômes de la maladie, d’autres variétés plus sensibles ne parviennent pas à s’opposer à son développement. Dans les bois, rameaux et feuilles qui sèchent le champignon meurt ou produit des microsclérotes, qui vont permettre sa conservation. Les feuilles et rameaux qui tombent au sol peuvent donc entretenir l’inoculum.
- Symptômes : quand le champignon a colonisé tout le xylème d’une branche, la sève est bloquée et la branche sèche, comme si elle était coupée.
- Dissémination : le champignon se dissémine par le transport de tissus contaminés, qu’il s’agisse de plantes vectrices ou de bois de taille. Dans une moindre mesure, la sciure (sur les outils de coupe), la terre (sur les outils de travail du sol), l’eau (irrigation gravitaire) ou le vent peuvent participer également à la propagation de la maladie.
Symptômes & dégâts
Les vaisseaux, assurant la circulation de la sève, touchés par la maladie ne peuvent plus remplir leur rôle. Les branches concernées séchent plus ou moins rapidement. Il s’agit en général des branches les plus vigoureuses et dans tous les cas de la partie haute de la frondaison.
• Sur les arbres adultes, la circulation de sève est coupée au niveau d’une branche : il peut s’agir d’une charpentière importante ou d’un simple rameau.
• Sur les arbres jeunes, la circulation de sève peut être coupée à la base du tronc, c’est alors l’ensemble de l’arbre qui sèche.
Souvent des rejets apparaissent au pied, ils pourront servir à reformer l’arbre, mais parfois, l’arbre meurt.
Les symptômes apparaissent en fin d’hiver, dès que les températures augmentent dans la journée et s’étalent durant toute la saison de végétation.
Généralement c’est en mars et avril que les dessèchements sont les plus spectaculaires.
Les dépérissements apparaissant à l’automne sont souvent moins intenses.
- Dépérissement rapide : les feuilles jaunissent, puis sèchent tout en restant accrochées à la branche. L’écorce brunit. Le rameau ou la branche sèche.
- Dépérissement lent : la couleur des feuilles se ternit et les bourgeons terminaux se nécrosent, mais les branches ne sèchent pas complètement. Seules les grappes florales sont très affectées et sèchent.
Cas asymptomatiques : certains arbres peuvent être contaminés sans exprimer les symptômes habituels. Ils manquent de vigueur et ne fleurissent pas sans pour autant montrer les dépérissements classiques.
Facteurs favorables
Humidité régulière : sol hydromorphe, irrigation…
Températures douces : 20 – 30 °C sont considérés comme les optimums de développement.
Chevelu racinaire proche de la surface.
Présence de solanacées avant ou autour des oliviers.
Sensibilités variétales
Variétés très sensibles
- Moncita
- Tanche (olive de Nyons)
- Verdale des Bouches du Rhône
- Colombale
- Lucques
- Verdale de Millas
- Arboussanne
- Ascolana
- Leccino
- Picual
- Cornicabra
- Arbéquine
Variétés sensibles
- Aglandau
- Cailletier
- Salonenque
Variétés peu sensibles
- Olivière
- Picholine
- Frantoïo
- Coratina
- Frangivento
Prophylaxie et prévention contre la verticilliose de l’olivier
- Plantation :
- Choisir un terrain n’ayant pas été précédemment cultivé en maraîchage, sinon prévoir 2 à 3 ans de culture de graminées ou crucifères avant la plantation d’oliviers.
- Obtenir du pépiniériste un certificat d’absence de Verticilium dans les plants achetés (analyse de laboratoire).
- Entretien du sol :
- Supprimer les mauvaises herbes vectrices du Verticilum dahliae : solanacées (morelles, datura,…), les chénopodes, les amarantes,…
- Ne pas cultiver de plantes vectrices sous les oliviers comme les solanacées (tomates, poivrons, pommes de terre,…).
- La taille :
- Supprimer les branches touchées dès leur
dépérissement, - Tailler en dernier les parties du verger touchées,
- désinfecter régulièrement le matériel de taille (penser aux chaines de tronçonneuses et couteau-scie en particulier),
- Sortir les bois de taille de la parcelle (on peut le broyer en dehors de la parcelle, mais le brûlage est préférable). Toutes les parties de l’arbre sont potentiellement contaminantes.
- Supprimer les branches touchées dès leur
- Plantation :
- Choisir des plants de variétés peu sensibles
- Installer les arbres en profondeur : collet enterré à plus de 20 cm, les plants doivent être dans ce cas francs de pied et tuteurés très fermement.
- Entretien du sol :
- Installer un enherbement avec des plantes très couvrantes, capables d’étouffer les herbes vectrices ou sensibles, sans gêner les oliviers : graminées et crucifères sont à privilégier.
- Le travail du sol doit être limité au maximum, voire arrêté au pied des arbres. Les outils de travail du sol doivent être nettoyés et désinfectés après leur passage dans un sol contaminé.
- Irrigation – fertilisation :
- Limiter les irrigations, espacer les arrosages.
- Réduire les apports azotés ou amender avec une matière organique ligneuse (paille, sciure).
Stratégies de lutte
Les mesures prophylactiques doivent être privilégiées pour lutter contre la verticilliose, mais deux stratégies de lutte directe sont étudiées. Elles visent à disposer d’outils dans les cas ou l’incidence de la maladie est trop forte, toutefois leur efficacité n’a pas été complétement démontrée, elles sont en cours d’évaluation.
Biofumigation
La biofumigation est une méthode biologique basée sur l’utilisation de plantes riches en glucosinolates, principalement des crucifères. Lors de la décomposition de ces plantes, les glucosinolates sont transformés en isothio- et thiocyanates, molécules volatiles et toxiques pour certains organismes du sol, dont les champignons du genre Verticillium.
Un essai de cette technique est en cours sur olivier avec un mélange de moutarde blanche et brune ainsi que de radis.
Solarisation
La solarisation est une technique qui a fait ses preuves en maraichage sous serre, mais sa transposition en oléiculture et en plein champ n’est économiquement et techniquement pas faisable actuellement.
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